
La corruption, au sens large, a incontestablement des effets néfastes et multidimensionnels, sur l’économie et l’ensemble de la société. Ce n’est plus un tabou. C’est l’une des manifestations du déficit structurel en matière de gouvernance publique, aussi bien au niveau central qu’au niveau territorial. La corruption quasi-généralisée, devient pratiquement un « rapport social banalisé ». Elle est, dans ce cas, dévastatrice, moralement et matériellement. Elle détruit massivement la confiance, ce premier capital dont doit disposer toute société pour pouvoir assurer un équilibre sociétal et espérer aller vers l’avant.
La corruption réduit la visibilité des opérateurs et des investisseurs. Elle menace la cohésion sociale. Abdellatif Jouahri, Wali de BAM, n’a pas opté pour un « langage politiquement correct ». Le Maroc souffre avant tout d’un problème de gouvernance. Et résoudre radicalement ce problème est devenu un acte prioritaire incontournable. La transparence est devenue le premier critère d’appréciation du climat des affaires. La redynamisation de l’investissement privé est inséparable du renforcement de l’adhésion à l’action publique. La transparence concerne l’ensemble des processus décisionnels dans la gestion des affaires publiques, ainsi qu’une communication claire et objective sur les options retenues, sans oublier les mécanismes d’évaluation des politiques publiques à mettre en place.
Les acteurs économiques, politiques et sociaux, et, de manière générale, les citoyens, doivent être capables d’accéder à l’information publique et d’apprécier objectivement l’action publique, à travers les résultats atteints et leur efficience. Ainsi, de toute évidence, la lutte contre la corruption, au sens systémique du terme, est perçue, dans le dernier rapport de BAM, comme la condition sine qua non pour pouvoir mener avec succès l’ensemble des réformes stratégiques entamées. Lutte contre la pauvreté, réduction, voire éradication des inégalités sociales et spatiales, généralisation des systèmes de protection sociale, justice sociale, accroissement des investissements, refonte du système de santé, réforme du système fiscal, restructuration des établissements et entreprises publics, territorialisation des politiques publiques (…) sont étroitement conditionnés aussi bien par le développement systématique de la transparence, à tous les niveaux de prise de décision publique, que par la restauration de la confiance individuelle et collective.